La Sauvegarde de l 'Environnement

de Saint-Pierre La Garenne - 27600 -

Vendredi 17 juillet 2015

Le Conseil d'administration vient d'apprendre la triste et dure nouvelle : Notre Président, Patrick Barbosa qui se battait depuis quelques mois, contre une implacable maladie, nous a quitté dans la nuit du 16 au 17.

L'assemblée générale de la Sauvegarde de l'environnement qui s'est tenue le Samedi 14 février 2015 à la salle des Fêtes de Saint Pierre la Garenne fut la dernière intervention publique de notre Président, Patrick Barbosa.

Nous présentons toutes nos sincères condoléances à sa femme, sa famille et ses amis et à tous les membres de l'association.

La cérémonie a eu lieu mercredi 22 juillet à 11h30 au crématorium d' Evreux.

Hommage à Patrick, de Bernard Defillon, Président de la SDE :

Bonjour, à cette déclaration de la Sauvegarde de l’Environnement se joint la Société Ecologique du Canton des Andelys.

C’’est fin 78 que l’association la Sauvegarde de l’Environnement commença sa belle longue et tumultueuse histoire. Dans le secteur de Notre Dame de la Garenne s’implantait une nouvelle usine chimique dans une zone déjà bien fournie en pollutions de toutes sortes. C’était l’usine CARAL et ce fut la goutte d’eau qui mit le feu aux poudres comme disait si bien Patrick. Les habitants prirent conscience qu’ils étaient empestés, empoisonnés impunément et cernés par des bombes à retardement. Ils demandèrent aux industriels à être reçus pour exprimer leurs doléances et leurs craintes. C’est ainsi qu’ils ont appris de la bouche même des exploitants, que la CFPI d’une part ne rejetait que de la vapeur d’eau et que d’autre part les odeurs nauséabondes de chez Sandoz étaient dues aux camions qui livraient le soufre et qui en repartant en laissaient les trappes des citernes ouvertes. Comprenez qu’il est très désagréable de voir son intelligence insultée de la sorte et ce n’était que le début des explications à dormir debout, il y en eut bien d’autres.

Une fois que la prise de conscience fut réalisée, les dossiers s’additionnaient à une vitesse fulgurante et pas de petits dossiers :

Citons en autre l’Usine CAOUREP qui avait creusée 19 puisards pour se débarrasser de ses déchets, toluène, acides, déchets organiques et tout cela pour la nappe phréatique. Il y eut des intoxications, procès et indemnités pour une quarantaine de personnes. La CFPI aussi versa des sommes en guise de dédommagement à certains riverains. Les chèques ne furent pas encaissés mais envoyés au préfet. Sympa comme idée.

Puis la célèbre carrière HEROUARD, les industriels d’un peu partout déversaient de tout même du mercure à quelques centaines de mètres de la nappe phréatique.
Il faut replacer ces faits dans leur contexte, à cette époque personne n’était choqué par les pollutions, les politiques choyaient leurs industriels et inversement et l’administration faisait ce que les politiques en place exigeaient. Il est vrai que la grande majorité de la population ne se sentait pas concernée, il y avait un fatalisme qui frôlait l’indécence. Les habitants n’étaient pas vraiment satisfaits de leur environnement mais de là à poser des actes contre un système établi, il fallait y réfléchir à deux fois. Heureusement une nouvelle génération vit le jour, on parlait d’écologie mais à voix basse car il ne fallait pas mettre en péril un système qui se voulait éternel.

Dans les années 90, il y eut pour ceux qui s’en souviennent l’affaire BELIX des fûts enterrés. A cette époque Patrick à été convoqué chez le Sous-préfet pour se faire tancer vertement. Mais comme il aimait à le dire  «  je continuerai à faire le poil à gratter ».

Il y eut aussi ce très beau projet d’usine d’incinération comme quoi pour ce maire nous n’étions pas encore assez pollués. Celui là même qui déclara : « il ne faut pas dire n’importe quoi, il faut dire notre eau est en dehors des normes et non pas notre eau n’est pas potable » Cela n’empêcha pas trois membres du conseil d’administration de la Sauvegarde de s’enchainer toute une journée à la fontaine de Gaillon pour sensibiliser la population à la pollution de l’eau.

Il y eut tant et tant de combats et presque toujours le pot de terre contre le pot de fer, mais certains les résultats étaient là, doucement les politiques prirent conscience des enjeux à savoir récupérer les victoires de la sauvegarde pour se faire réélire et l’administration suivie le mouvement imposé par les politiques on parlait d’enjeux écologiques, d’usines classées Sévéso c’était un début. Mais que le pot de fer était dur.

Patrick était doté de multiples compétences il a toujours su aller à l’essentiel, il savait motiver, il savait être un homme de dossiers et de terrain, il avait une détermination sans faille il a mené des combats de haute lutte sur près de quarante ans. Sa fierté, être toujours resté indépendant des partis politiques ne jamais accepter la petite compromission ou la simple corruption, toujours intègre toujours libre et toujours pour le bien commun.

Bien évidement il avait ses détracteurs, les aigris comme je les appelle mais ils ont tous bien tort, car toutes les personnes qui vivent dans ce bassin lui sont quelque part redevable, il a façonné un nouveau cadre de vie imparfait certes mais que serai t-il aujourd’hui si il n’avait pas agi ? Patrick fait parti de notre histoire, de celle de Notre Dame de la Garenne mais aussi de Gaillon, des Cantons, et par ses différentes fonctions prises au fil du temps du département et de la région. Il aurai du recevoir des félicitations des remerciements en quantité pour avoir su défendre si ardemment la vie, en se préoccupant de la qualité de l’eau de l’air et la terre avec en prime le relatif maintien de la valeur immobilière des maisons du secteur. Mais c’est vrai qu’en guise de remerciements il a reçu de la part de certains des insultes, des menaces, jusqu’à des menaces de mort, anonymes bien sûr.

Jamais il ne faudra oublier qu’il était en état de légitime défense, les habitations ont précédé  les entreprises, il était dans son bon droit, il ne faisait que défendre ses légitimes intérêts d’humain et on ne peut reprocher à un homme de défendre son bon droit et sa dignité. Chacun de nous devrait en faire autant, voilà c’est cela la norme.

Notre cadre de vie c’est notre patrimoine commun, et il savait qu’un jour il léguerai aux générations futures ce petit bout de terre c’était de sa responsabilité. Encore une fois ce devrait être la préoccupation de tous, se savoir responsable pour que notre planète soit la plus conforme pour que la vie y perdure sur des générations. Alors au nom de tous les humains adhérents à la sauvegarde passés présents et à venir et au nom de tous les autres humains qui ne font pas partie de la sauvegarde mais qui ont quand même profité de ton engagement , au nom de tous les oiseaux, au nom de tous les poissons de toute la faune de toute la flore qui prennent plaisir à vivre sur ce petit coin de France, MERCI, merci Patrick pour tout et comme tu aimais le dire « Salut Mec et à la prochaine ».


Communiqué :

Madame Catherine Barbosa,
ses enfants ,
ses petits-enfants,
très touchés par la gentillesse et les marques de sympathie que vous leur avez témoignées lors du décès de
Monsieur Patrick Barbosa

vous prie de trouver, ici, l’expression de leurs sincères remerciements.  Tous ces messages reçus ont été , pour nous, un réconfort. Ils ont été si nombreux qu’il ne nous est pas possible d’y répondre individuellement.